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mardi 15 septembre 2009

Tsimtsoum, Introduction à la méditation hébraïque, par Marc-Alain Ouaknin (1992)

On trouvera sur cette page des propositions issues de ce texte de Marc-Alain Ouaknin qui présente dans le même mouvement le hassidisme (un courant du judaïsme né au 18ème siècle) et le retrait (tsimtsoum), un concept de la Cabale juive.

Il ne s'agit pas seulement de présenter le tsimtsoum hébraïque, il s'agit aussi de le caresser comme on caresse une lettre ou la sonorité d'un mot, il s'agit de se retirer devant lui, bref, de faire tsimtsoum devant le tsimtsoum. Isaac Louria (1534-1572), dont la courte vie s'est consumée entre d'autres sages à peu près à l'époque de Copernic et de Kepler, n'est pas le créateur du mot, mais il est son inventeur dans la Cabale. Inventer un mot, même s'il existe déjà, c'est fabriquer de nouveaux sens. Pour ce mot-là comme pour d'autres, il y a l'avant Louria et l'après Louria. Donc Dieu s'est retiré (tsimtsoum), il est parti en exil et a laissé quelques brisures (chevirat hakelim) et il nous reste maintenant à restaurer tout ça (tiqoun). De quoi alimenter quelques controverses n'est-ce pas? Quelques controverses et aussi une éthique, celle du commencement.
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p9 : Avant-Propos
p17 : Première partie : Voyages d'une étincelle
p19. 1. Le hassidisme aujourd'hui.
p26. 2. Les origines du hassidisme.
p30. 3. Le palais des vases brisés : les thèmes fondamentaux de la nouvelle Cabale.
p37. 4. Le voyage des étincelles.
p42. 5. Créer le messie.
p45. 6. Les dérives du messianisme : Shabataï Tsevi et Jacob Frank.
p60. 7. Le Baal Chem Tov : le fondateur du hassidisme.
p63. 8. L'opposition au hassidisme.
p67 : Deuxième partie : la sagesse dansante du hassidisme.
p121 : Troisième partie : Corps et graphie, petit traité de méditation hébraïque

jeudi 10 septembre 2009

Totalité et infini, essai sur l'extériorité (Emmanuel Lévinas, 1961)

J'ai (enfin) suffisamment avancé dans l'analyse de Totalité et Infini, ce texte fondamental d'Emmanuel Lévinas publié en 1961, pour faire une petite pause. On trouvera sur cette page son "idixation" sous la forme d'une centaine de propositions. Parallèlement j'ai mis en place un "vocabulaire lévinassien" - qui reprend certains de ses concepts, et j'ai ouvert une page à son nom. Tout cela pour préparer le terrain à l'analyse d'autres textes, qui ne manquera pas de suivre.

Lévinas fait preuve d'une audace et d'une originalité qui, presque cinquante ans plus tard, ne laissent pas d'étonner. Sans doute cette pensée était-elle en lui depuis longtemps - mais la voici, dans ce livre, ramassée et compacte, qui surgit toute armée (quoique le modèle ne soit pas vraiment celui d'Athéna, mais plutôt celui de la création divine).

Toutes les philosophies ont, jusqu'à maintenant, été dominées par le concept de totalité, mais il faut rompre avec cela. C'est l'éthique qui doit être au coeur de la philosophie, c'est elle qui est au coeur du langage. Pour la penser, il faut partir de l'extériorité, telle qu'elle se révèle dans le visage humain et dans le dépassement de l'être accompli par le désir. Il faut reconnaître le privilège d'autrui, tel qu'il s'impose par la justice et se vit par la caresse. En se séparant des éléments, le sujet accède à la jouissance. Celle-ci transmute l'autre en même, mais ouvre à la fécondité.

mercredi 2 septembre 2009

"Avances", de Jacques Derrida (1995), suivi de "Le Tombeau du Dieu artisan", de Serge Margel

Jacques Derrida a rédigé, sous le titre Avances, une préface au texte de Serge Margel Le Tombeau du dieu artisan. Il y développe à partir du Timée de Platon (déjà analysé en 1993 dans Khôra), une théorie de la promesse. On trouvera sur cette page une série de propositions issues de l'analyse de ce texte.
Avances est une préface. Son thème est la préhistoire absolue du monde, l'avant, l'en-deça. C'est pourquoi elle ne commence pas par un paragraphe 1, mais par un paragraphe 0 [zéro], intitulé Les devanciers. En 1972, Jacques Derrida affirmait dans La Dissémination qu'il ne pouvait pas y avoir de préface ni de liminaire, pas d'en-deça. Et pourtant il écrit une préface, et pourtant il évoque un point zéro [ou avant le zéro] qu'il appelle la promesse. Car avant toute création du monde, le Démiurge aura promis. Tel est le constat audacieux fait par Serge Margel : certes le Démiurge produit le monde selon des idées, des représentations, mais la seule garantie de survie de ce monde est une promesse. Or cette garantie n'en est pas une, car le Démiurge est mourant. C'est un paradoxe. D'une part, il ne fait plus rien; d'autre part, c'est justement cette mort symbolique qui fait oeuvre. La promesse est infinie, incalculable, et aussi intenable. Elle ouvre un avenir insaturable, imprévisible.

La promesse du Démiurge, comme toute promesse, promettait du bien, mais son retrait, son désoeuvrement et sa mort possible introduisent une menace. Les humains ne peuvent rien faire d'autre que se promettre d'y survivre, sans pour autant se constituer en communauté.