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samedi 29 novembre 2008

Pour une anthropologie des images, par Hans Belting

J'ai idixé ce texte paru en Allemagne en 2001 et en français en 2004 aux éditions Gallimard.
La plupart des propositions issues de l'analyse ont été inscrites sous les parcours suivants :
- L'être humain entretient un rapport vivant à l'image : il vit avec des images et comprend le monde en images;
- L'image met au jour ce qui n'est pas dans l'image, mais peut y apparaître : elle incarne un mort;
- Les nouveaux procédés techniques qui repoussent les limites de l'imaginaire prolongent la tendance anthropologique à inventer des dispositifs de production d'images;
- Pour s'incarner et se transmettre, il faut à toute image un support matériel : le médium, qui évolue selon les époques;
- Les corps incarnent l'idée que chaque époque se forme de l'être humain.

lundi 24 novembre 2008

Bulles (Sphères I) de Peter Sloterdijk

J'ai idixé le premier volume de la trilogie "sphérologique" de Peter Sloterdijk. Livre riche, foisonnant, pour lequel j'ai privilégié cinq parcours :
- La situation fondamentale de l'homme est l'être-dans-des-sphères;
- La relation précoce mère/enfant se noue sur le mode du "nobjet", car il n'y a pas entre eux de relation d'objet "face-à-face";
- Entre les visages se déploie le champ de forces de l'espace interfacial;
- L'homme est un animal qu'accompagnent des voix qui viennent de l'intérieur de lui-même, qui l'enchantent mais auxquelles il peut résister, refuser son accord;
- La modernité cherche à remplacer par des artefacts les enveloppes traditionnelles et les systèmes immunitaires qu'elle a détruits.

La forme et le vouloir-dire

J'ai idixé ce texte paru dans "Marges de la philosophie" (pp185-207). Sa première version date de 1967, ce qui n'est pas étonnant quand on voit sa proximité avec "La voix et le phénomène", paru justement en 1967. J'en ai retenu quelques propositions qui concernent la forme, le texte ou la profération.

vendredi 14 novembre 2008

Le Moi-peau, de Didier Anzieu

J'ai idixé "Le Moi-peau", texte de Didier Anzieu devenu un classique et dont l'influence a été significative dans les domaines de la psychanalyse mais aussi de la philosophie et de l'art.
Les propositions sont organisées en deux parcours :
- La peau est un intermédiaire, un entre-deux dont le fonctionnement paradoxal étaye les différenciations psychiques;
- Un double interdit du toucher anticipe et prépare les autres interdits.

vendredi 31 octobre 2008

Daniel Payot, "Anachronies de l'oeuvre d'art"

Je viens de finir l'idixation de ce texte paru en 1990.
En voici un petit résumé, repris de la page ouverte sur Daniel Payot dans le site Idixa.
Pour Payot, il y a dans toute oeuvre (en tous cas toute oeuvre moderne) une loi singulière qui n'est pas donnée à l'avance, mais qui se révèle après-coup. Cette loi est celle que Derrida a repérée dans son texte Préjugés : la loi de la loi, c'est qu'on ne peut pas approcher l'origine de la différance. L'oeuvre reste devant la loi, à distance. Selon Payot, si elle se promet comme oeuvre, c'est comme énigme, dans le retrait de tout modèle, c'est-à-dire de façon fondamentalement anachronique. Ne cessant de promettre de se révéler, sans garantir la réalisation de cette promesse, elle est le lieu d'un messianisme inversé.

Hantaï, Jean-Luc Nancy, Jacques Derrida et "La connaissance des textes"

Ayant en cours cette immense tâche de lire et analyse "Le Toucher, Jean-Luc Nancy", j'ai fait une petite excursion du côté d'un autre livre lié au premier. C'est en effet pour servir de frontispice au "Toucher" que Jean-Luc Nancy a demandé à Hantaï de réaliser une oeuvre qui puisse être reproduite dans le livre. Ainsi sont nés les "travaux de lecture" dont on verra des exemples ici ou . Hantaï y a mêlé de façon indiscernable les textes de Derrida et de Nancy. J'en profite pour ouvrir une page sur Hantaï, et pour ajouter La connaissance des textes à la liste des textes idixés de Jacques Derrida.

vendredi 5 septembre 2008

Anselm Kiefer, par Daniel Arasse

On pourra lire une version complète du textes qui suit avec de nombreux liens issus du livre de Daniel Arasse sur cette page.
La précision pourrait être inutile, mais elle ne l'est pas : Kiefer est allemand. En d'autres termes : il n'est pas juif. Il fallait que cette évidence fut dite pour qu'il puisse reconnaître une dette de l'Allemagne, dont il ne rejette pas le poids. C'est à lui de réparer, à personne d'autre. C'est à lui de prouver que, après l'entreprise esthétique des nazis, il est encore possible d'être un artiste allemand, à condition d'avoir le courage de s'expliquer avec les spectres et d'accomplir un dur travail de deuil et de remémoration. L'Allemagne est irréductible à ses mythes, son devenir est hétérogène. Elle doit exhiber les contradictions qui sont en elle, y compris sa propre culture judéo-cabalistique -, encore vivante et bien présente, malgré les crimes, l'effondrement du sens et la déréliction ambiante. Elle doit s'incorporer des personnages étrangers comme Lilith. A ce prix seulement, l'Allemagne sera réunifiée.
Kiefer a commencé par recueillir des traces de sang, mais cela ne suffit pas pour faire son deuil de tous ces morts. Il faut des mots, des textes, des poèmes, des concepts, des livres, des bâtiments, des monuments, des ruines, des masses de plomb ou de béton armé, des matériaux disparates qui mettent l'oeuvre en mouvement. Ces constructions théatrales, faites de rappels et d'allusions provoquent un choc. La blonde Margarete et la brune Sulamith s'y croisent. Elles mettent en ruine la représentation classique, mais restaurent une aura d'un nouveau genre, ancrée dans l'art du XXème siècle où prospère la présence réelle.
Finalement l'ensemble du projet apparaît comme irréductiblement allemand. Si la culture juive est invoquée, c'est comme monument ou idole, pas comme expérience vivante.

mercredi 3 septembre 2008

Préjugés, devant la loi (Jacques Derrida, texte publié en 1985)

J'ai fini l'analyse de l'intervention que Derrida a faite en août 1982 lors de la décade de Cerisy-la-Salle consacrée à Jean-François Lyotard. Analysant un texte de Kafka, Devant la loi, Derrida évoque le jugement, la loi, et aussi l'oeuvre. Qu'est-ce qu'une oeuvre? Elle se tient devant la loi et la subvertit.
Voici les propositions issues de ce texte :
- La loi de la loi, c'est qu'il ne faut pas approcher, représenter ni pénétrer l'origine de la différance
- A l'origine de la loi, rien n'a lieu, rien de nouveau n'arrive, il est impossible de raconter l'événement qui inaugure l'interdit
- L'interdiction de la loi n'est pas une contrainte impérative mais une différance : "je t'ordonne de ne pas venir jusqu'à moi"
- La loi est un rien qui, dans un lieu vide, diffère incessamment l'accès à soi
- La loi de la loi, c'est qu'elle doit être sans histoire, sans genèse, sans origine, sans dérivation possible, elle ne doit donner lieu à aucun récit
- Ce qui fait oeuvre est une perturbation dans le système normal de la référence, en rapport avec les limites et le jeu du cadrage
- L'oeuvre surgit et reste toujours devant la loi
- A la question "Comment juger?", l'absence de critères est la loi, car s'il y avait des critères, il n'y aurait pas jugement mais savoir, technique, code ou simulacre de décision
- Nous sommes a priori tenus de répondre devant la loi des préjugés que nous sommes
- Pour distinguer un récit fictif d'une "réalité", il n'y a pas d'autre critère que le consensus ou la loi qui garantit la signature d'un "auteur"
- Intituler un texte est un événement, un coup de force qui lui donne sa loi et en fait une institution
- Dans le rapport à la loi comme dans le rapport sexuel, le Tabernacle reste vide et la dissémination fatale
- Un titre est le nom propre d'une oeuvre ou d'un texte qui, en étant dedans et dehors, garantit conventionnellement son identité
- Le paradoxe du post-moderne, c'est que, bien que le jugement n'ait ni fondement ni critères, nous ne pouvons pas nous en débarrasser

samedi 30 août 2008

Walter Benjamin, Paris capitale du XIXème siècle

J'ai retravaillé sur certaines formulations issues de ce texte foisonnant, avec ses innombrables citations. On les retrouve ici comme étapes des parcours construits à partir d'autres textes de Benjamin. Voici les "têtes de parcours" :
- Une image dialectique est ce en quoi l'Autrefois rencontre le Maintenant, dans un éclair, pour former une constellation
- L'oeuvre d'art n'a de valeur que dans la mesure où elle frémit des réflexes de l'avenir
- Dans certaines photographies, la durée s'installe pleinement et s'insinue dans l'image
- L'homme est ce à quoi la photographie est le moins capable de renoncer
- A la plus parfaite reproduction d'une oeuvre d'art, il manquera toujours quelque chose : l'unicité de son existence au lieu où elle se trouve (son aura)
- Les grandes constructions de l'histoire s'édifient en reprenant le principe du montage : découvrir dans l'analyse du petit moment singulier le cristal de l'événement total
- Le spectacle de la mode est l'émergence du "tout nouveau" parmi les choses ordinaires

lundi 25 août 2008

L'histoire de l'art est-elle finie? par Hans Belting

Les propositions issues de l'idixation du texte de Hans Belting (paru en allemand en 1983) et en français en 1989 sous le titre L'histoire de l'art est-elle finie? - Histoire et archéologie d'un genre sont les suivantes :
- [La fin du concept d'"art" en tant que tel marque le début du concept herméneutique d'"oeuvre"]
- [L'histoire de l'art étant elle-même une représentation, est prise dans la crise de la représentation]
- [Avec la modernité, les limites qui séparaient l'art des autres médias visuels et langagiers se sont effacées]
- L'art contemporain doit faire face au dilemne de sa propre existence à une époque où de nouveaux médias assurent la plupart des fonctions de l'art
- En considérant le modernisme comme une tradition comme les autres, l'art contemporain relance l'interrogation sur l'art dans son unité
- La perspective est le paradigme d'une conception de l'art susceptible de progrès
- Il n'y a plus de théorie de l'art générale, mais des multitudes de théories qui isolent dans l'oeuvre des points de vue distincts
- La discontinuité entre art pré-moderne et art moderne est doublée par une discontinuité entre deux histoires de l'art difficiles à réconcilier
- La perte des fonctions publiques de l'art au début du 19ème siècle a été compensée par l'affirmation de son autonomie absolue - jusqu'au retour de la culture de masse
- L'expression "oeuvre d'art" implique que l'oeuvre est inachevée, car elle se réfère à un concept (l'art), elle a une histoire et elle est en attente d'une réception
- L'expression "histoire de l'art" relie deux concepts hétérogènes : l'art comme qualité reconnue aux oeuvres; une explication historique indépendante des oeuvres
- Ce que l'art prémoderne avait atteint en termes de représentation, l'art moderne l'atteint par la présence immédiate de l'oeuvre dans sa forme

dimanche 24 août 2008

Le postmoderne expliqué aux enfants, par Jean-François Lyotard

J'ai "idixé" ce texte, c'est-à-dire que j'ai établi des propositions qui permettent d'y circuler. Elles se trouvent en permanence ici dans le site. Plutôt que de rédiger un résumé qui ne serait pas dans l'esprit de ce travail, je préfère donner ci-après la liste de ces propositions. La première, entre crochets, est un "parcours de lecture", c'est-à-dire une proposition dont le trajet en redistribue d'autres.
- [L'art moderne trouve son ressort dans une esthétique du sublime : discordance du présentable et du concevable; retrait du réel]
- La modernité n'est pas une époque, mais plutôt un mode dans la pensée, l'énonciation, la sensibilité
- L'artiste ou l'écrivain postmoderne travaille pour établir les règles de "ce qui aura été fait"
- Aujourd'hui la raison - ensemble des règles qu'un discours doit respecter s'il vise à connaître et faire connaître son objet (son référent) - est subordonnée à la performance
- Le postmoderne est le moderne à l'état naissant
- Le totalitarisme subordonne les institutions légitimées par l'idée de liberté à la légitimation par le mythe d'une chaîne de transmission fondée sur des noms propres
- Le capitalisme n'a pas besoin d'autre légitimation que sa formule canonique : "Je te cède ceci, si tu peux me contrecéder cela"
- La destruction des métarécits modernes tient à l'impossibilité de continuer à organiser les événements selon l'idée d'une histoire universelle de l'humanité
- Ce qu'on appelle liberté est l'écoute de ce qui peut arriver, et qu'il faudra juger au-delà de toute règle
- La modernité ne va jamais sans l'ébranlement de la croyance, et l'art moderne sans une présentation de l'imprésentable
- Les métarécits de la modernité ne légitiment pas les institutions par un acte originel fondateur, mais par une idée à faire advenir, un projet
- Quoiqu'on puisse penser des avant-gardes artistiques, elles ont fonctionné comme une "perlaboration" de la modernité sur son propre sens
- Le développement des technosciences, mû par une force autonome, ne s'intègre plus dans le projet d'émancipation de l'humanité
- Si l'on parle de "développement" plutôt que de "progrès", c'est parce qu'il est devenu impossible de le légitimer par la promesse d'une émancipation de l'humanité toute entière
- La photographie et le cinéma accomplissent mieux, plus vite et avec une diffusion plus large la tâche que l'académisme assignait au réalisme pictural et narratif : stabiliser le référent
- Philosopher, c'est renouer avec l'enfance de l'esprit : un monstre qui n'en finit pas de commencer - mais jamais par le commencement, toujours par le milieu

samedi 9 août 2008

Au Juste, de Jean-François Lyotard et Jean-Loup Thébaud

J'ai idixé ce texte important (et souvent oublié) de Jean-François Lyotard et Jean-Loup Thébaud.
Les propositions associées se trouvent ici.
Cinq parcours de lecture y trouvent leur source :
- Aucun discours de savoir ne peut justifier le Juste, on ne peut que le prescrire
- A chaque fois que manquent les critères de jugement, on est dans la modernité - quels que soient le lieu et la date
- Dans la pensée juive, la place de l'autre (celui qui me parle) n'est jamais occupable par moi
- La modernité se caractérise par l'apparition de la capacité énonciative,
- Il y a paganisme chaque fois que le juge ou celui qui dit la justice est pris dans la même sphère du langage que ceux qu'à l'occasion il va juger

vendredi 8 août 2008

Schibboleth, de Jacques Derrida

J'ai encore consacré beaucoup de temps à ce texte de Jacques Derrida sur la poésie de Paul Celan (ce n'est jamais que la troisième lecture, et pas la dernière). On trouvera ici la trentaine de propositions qui s'y rapportent. Aucune ne donne une définition simple et unique du schibboleth : il reste indéchiffrable, mais le voici articulé à la signature, la date, l'alliance, l'anneau, etc... et aussi - ce qui n'est pas sans importance pour le projet idixien : à l'art.
J'ai joué le jeu du schibboleth avec quelques images : la plupart des propositions y trouvent une nouvelle sorte de dissémination.

jeudi 31 juillet 2008

Le Postmodernisme, ou la logique culturelle du capitalisme tardif

On trouvera l'ensemble des propositions relatives à ce texte ici :
Voici les parcours de lecture :
- Le postmoderne est un soulagement, un déblocage, la libération d'une nouvelle productivité que le modernisme avait gelée;
- Désormais les affects et sentiments du moi flottent, libres d'attaches et impersonnels;
- La culture postmoderne est toujours plus dominée par un hyperespace qui prévaut sur le temps;
- Dans le postmoderne, ce qui est en jeu n'est pas le nouveau, mais la répétition (ou la citation);
- Le trait commun à tous les postmodernismes est l'effacement de la vieille opposition, essentiellement moderniste, entre la grande Culture et la culture commerciale;
- L'art culturellement dominant à l'époque postmoderne n'est pas le cinéma, mais la vidéo, dont le flux continu est porté par les médias;
- Le pop'art et ses corollaires la pop'histoire et les pop'images, prennent acte de la perte du référent.

mardi 22 juillet 2008

Le partage des voix, Jean-Luc Nancy

J'ai surtout travaillé sur la seconde partie de ce texte daté de 1982. J'en ai tiré (entre autres) deux parcours :
- Nous existons dans le partage des voix, c'est ce partage qui fait de nous ce que nous sommes.
- Interpréter, c'est savoir pour comprendre. C'est une circularité qui présuppose la propriété d'un sens.

dimanche 6 juillet 2008

L'écran global, Culture-médias et cinéma à l'âge hypermoderne (par Gilles Lipovetsky et Jean Serroy)

Ce livre a été "idixé". On peut lire ici la page consacrée à Gilles Lipovetsky où l'on peut lire les propositions et les parcours de lecture construits à partir de ce texte, qui sont les suivants :
1. Plutôt qu'une post-modernité, l'hypermodernité est une modernité au carré où tout s'extrêmise et devient vertigineux, hors limite.
2. L'hypercinéma en donne toujours plus : surenchère du débordement, du trop-plein, de l'outrancier, de l'obscène, du violent et du déréglé.
3. Dispositif d'image radicalement inédit inventé par le cinéma à la charnière des années 1900, l'écran est devenu global et omniprésent.
4. Le cinéma illustre le lien intrinsèque de la modernité avec la mode : des figures stéréotypées, éphémères, séduisantes et facilement reconnaissables.

vendredi 4 juillet 2008

Valse avec Bachir (Ari Folman, 2008)

Critique de film publiée par Ozzy Gorgo sur le site idixa.net à cette adresse.
C'est un film qui se moque des genres et des catégories. Animation? Documentaire? Cinéma-réalité? Docu-fiction avec juste ce qu'il faut d'images d'archives lâchées dans les dernières secondes pour produire un effet de réel? Restitution par l'enquête, par la mémoire ou par le rêve? Thérapie? Auto-thérapie? Culpabilisation ou à l'inverse déculpabilisation? Par certains aspects, le procédé rappelle celui du Shoah de Lanzmann : des témoins fouillent dans leur mémoire. Ils racontent. On ne recueille d'eux rien d'autre que la parole et le souvenir. Mais au lieu de se tenir à l'écart de toute esthétisation, Ari Folman fait l'inverse. Il esthétise les images, ce qui produit un effet de distanciation, d'épuration et aussi de fascination. Aucun des témoins interrogés ne restitue la totalité du passé, mais tous ensemble dessinent une figure qui finit par prendre sens, celle de l'horreur. Ils en portaient chacun en eux une parcelle. Elle travaillait de l'intérieur, mais n'émergeait pas. La voici en pleine lumière, mais ce n'est pas exactement la lumière habituelle, c'est celle du dessin animé. On n'est pas dans l'actualité, dans l'image à la façon d'un reportage de CNN. Il s'agit de recomposer le vécu. Il n'y a aucune garantie d'objectivité, seulement des paroles vraies.

Ce film prend Walter Benjamin à la lettre. Pour faire de l'histoire, il incite les témoins à se réveiller. Ils sortent d'un rêve qui était leur vie courante pour tomber dans un cauchemar vieux de 25 ans, qu'ils n'ont pas envie d'évoquer mais qui revient comme un trauma. Ce passé n'est peut-être pas vraiment le leur. C'est celui qu'on leur a imposé, mais ils ne le répudient pas. Ils en reconnaissent la justesse, sans pour autant s'y identifier. C'est comme si tout ça avait été vécu par une autre personne. Le cinéaste se présente comme narrateur, il évoque sa propre vie, mais c'est comme s'il se faisait le monteur d'une histoire impersonnelle, irréelle. Si nous ressentons ce film comme historique, c'est peut-être justement à cause de cette indifférence. Le narrateur ne justifie rien, il ne condamne même pas explicitement, il laisse ces détails se recomposer sous nos yeux. C'est nous qui voyons ces extraits de mémoire se mettre en place et s'animer. En ce point l'animation prend son sens. A-t-on déjà vu un dessin animé se faire tout seul? Puiser en lui-même sa propre force?

samedi 28 juin 2008

Stanley Cavell, la Projection du monde

J'ai ouvert la page de Stanley Cavell. Elle est organisée autour de deux parcours de lecture :
1. Le risque du cinéma, c'est de comprendre autre chose ou plus que ce que le film raconte.
2. Nous ne savons pas situer ontologiquement la photographie : ce n'est ni la chose elle-même, ni une représentation.

mardi 17 juin 2008

Joël de Rosnay, L'homme symbiotique.

Quelques propositions sur ce livre déjà ancien (1999), dont celle-ci :
- Avec les réseaux qui mettent en relation directe le cerveau humain et les ordinateurs, le mouvement vers l'avènement de l'homme symbiotique est engagé.

Ernest Namenyi, l'esprit de l'art juif

On trouvera quelques propositions issues de ce livre ici.
Voici également deux parcours :
- La stratégie de l'art juif par rapport aux images, c'est de créer des oeuvres qui ne soient pas des idoles,
- L'art juif traduit les promesses messianiques.

Jean-François Lyotard - Duchamp et le postmoderne

J'ai "idixé" deux textes de Jean-François Lyotard :
- Les transformateurs Duchamp,
- La condition post-moderne,

En attendant un travail plus complet sur Duchamp, voici quelques parcours tirés de la Condition postmoderne :
- L'incrédulité à l'égard des métarécits caractérise le postmoderne,
- Le lien social observable est fait de "coups" de langage,
- La science postmoderne produit non pas du connu, mais de l'inconnu,
- Aujourd'hui le savoir n'est plus transmis pour lui-même, mais en fonction des compétences qui le légitiment.

vendredi 6 juin 2008

Idixation de "La vérité en peinture"

J'ai mis pratiquement deux ans pour travailler ce livre de 436 pages, publié en 1978, qui comporte quatre, voire sept éléments différents.
- un avertissement,
- un texte intitulé Passe-Partout écrit en 1978. Ce texte renvoie à un article d'Hubert Damisch publié en 1977 dans Macula.
- 1. Parergon, texte composé à partir d'un séminaire commencé en 1972 et partiellement publié en 1974, divisé en quatre parties :
- I. Lemmes
- II. Le parergon
- III. Le sans de la coupure pure
- IV. Le colossal
- 2. + R (par-dessus le marché), un texte rédigé pour une exposition de Valerio Adami intitulée le Voyage du dessin (mai 1975).
- 3. une présentation du travail de Gérard Titus-Carmel pour une exposition au Centre Pompidou en mars-avril 1978, sous le titre de Cartouches,
- 4. Restitutions de la vérité en peinture, à propos du commentaire fait par Meyer Schapiro du texte de Heidegger, L'origine de l'oeuvre d'art, et des souliers de Van Gogh. La première partie de ce texte est parue dans le numéro 3/4 de la revue Macula (1978), à l'intérieur d'un ensemble intitulé Martin Heidegger et les souliers de Van Gogh. Ce texte, écrit sous la forme d'un polylogue dont toutes les voix sont celles de Jacques Derrida, donne son titre au livre et le clôt. Il fait le lien entre la première partie (Kant), les artistes (ceux déjà cités + notamment Cézanne) et l'ensemble.
- le dernier élément a été publié séparément en 1975 sous le titre Economimesis. Si l'on examine son contenu, il pourrait être intercalé dans le présent recueil après la page 135.

Derrida explique qu'il aurait souhaité intituler ce livre Du droit à la peinture. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait? Pourquoi a-t-il préféré cet extrait d'une lettre de Cézanne à Emile Bernard : Je vous dois la vérité en peinture, et je vous la dirai? Parce que le titre aurait été trop ambitieux (p4)? On peut en douter. Disons qu'il aurait été trop unificateur. La vérité en peinture peut s'entendre dans au moins quatre sens, et beaucoup plus encore, de même que le livre est divisé en quatre parties, et même plus, et qu'il est le prolongement d'un autre recueil, La Dissémination, qui contient aussi quatre articles (pas moins). Quatre est le chiffre derridéen, celui de la supplémentarité - or justement la peinture vient en plus, celle de Cézanne, celle de Van Gogh, celle d'Adami, sans parler des boîtes de Gérard Titus-Carmel, de leurs titres et de leurs cartouches qui mettent à mort leur modèle.

Quand Jacques Derrida s'expose à la grande tradition de l'esthétique, on peut s'attendre à ce qu'il la prenne par ses marges. Le lien entre Kant / Heidegger et la formule que nous proposons à partir de ce texte : Il y a oeuvre d'art quand la différance est impossible à arrêter ne va pas de soi. Comme le parergon, les marges de l'oeuvre sont doubles. Elles soutiennent et débordent. Elles font trait, mais se retirent. L'oeuvre, à son tour, ne se reconnaît comme telle que dans l'espacement.

vendredi 30 mai 2008

Analyse des huit thèses pour (ou contre) une sémiologie de la peinture, d'Hubert Damisch

J'ai fait la tentative risquée de relire ce célèbre texte d'Hubert Damisch rédigé à l'occasion du premier Congrès de l'Association Internationale de Sémiotique à Milan, du 2 au 6 juin 1974, et de le présenter sous la forme de huit propositions (plus une) correspondant aux huit thèses. On trouvera ces propositions sur cette page. Elle sont également reprises dans un parcours qui commence avec la première thèse, ainsi libellée : [S'il y a une vérité en peinture, elle excède largement les limites d'une sémiologie].

mercredi 21 mai 2008

RoseLee Goldberg, "Performance Art"

J'ai idixé le livre de RoseLee Golderg, "Performance Art, From futurism to the present" (Ed World of Art). On trouvera à cette adresse une vingtaine de propositions qui en sont issues.

Le livre de RoseLee Goldberg est une histoire de la performance, qui est aussi une tentative de définition. Apparue vers 1909 quand les futuristes ont mis la déclamation au centre de leur pratique, elle est liée à une mise en question radicale de l'art, qui passe par le langage et plus particulièrement par la voix. Le bruit, la musique, le chant, la poésie sont associées à d'autres pratiques corporelles (la danse) pour tenter d'impliquer le spectateur dans l'oeuvre même. La performance s'est rapidement émancipée de tout cadre et de toute limite. C'est une pratique ouverte et publique, dont le caractère "artistique" est lié à la présence physique de l'"artiste". Elle s'expérimente directement, sans représentation.

jeudi 15 mai 2008

La "Lettre volée" d'Edgar Poe vue par Lacan et Derrida

J'ai résumé la controverse entre Lacan et Derrida sur le récit d'Edgar Poe sous le titre : [La lettre derridéenne est disséminante, tandis que celle de Lacan est indivisible, toujours identique à elle-même, quels que soient les morcellements de son corps]. En voici le texte, avec les renvois aux propositions idixiennes.


Dans son analyse du conte d'Edgar Poe, la Lettre volée, Lacan insiste sur la matérialité de la lettre. Pour s'inscrire dans la logique du signe qui est aussi celle du manque, la lettre - comme tout signifiant au sens de Lacan - doit être un objet singulier, indivisible, indestructible. Si elle se divisait, elle perdrait sa fonction dans la structure - qui est de toujours revenir à son point de départ. Tout ce qui n'entre pas dans cette logique (les détails du texte, la position du narrateur, les effets d'encadrement, etc...) est exclu.

Dans l'inconscient selon Lacan, la lettre ne se perd jamais, le refoulement garde tout. Le signifiant phallique est une chose qui parle d'elle-même, et cette parole garantit le contrat originel. On peut comparer cette position à celle de la voix : présente à à soi, toujours disponible, garantie par une parole faisant sens, à l'abri de la puissance disséminante de l'écriture.

Dans l'interprétation lacanienne du conte de Poe, le drame commence au moment où la lettre se garde. Le ministre la vole (il la soustrait à la garde de la reine), puis la conserve. Cette lettre semble indestructible, irremplaçable. Son effet de parole vivante garantit qu'elle reviendra en son lieu propre, originel, sans s'égarer dans les simulacres du double. Lacan construit le symbolique sur cette assomption qui est celle de la castration : le sujet est divisé mais le phallus, lui, ne se morcelle pas. La lettre non plus.

Pour Derrida, la Lettre volée ne revient jamais à son point de départ. Son destin n'est pas la répétition, mais la dissémination. Comme la lettre, le phallus est divisible. Il n'a pas de destination préétablie.

mardi 13 mai 2008

Sur le livre d'Avital Ronell "Telephone book"

Le livre d'Avital Ronell, "Telephone book - Telephone, schizophrénie et langue électrique" a été analysé. Les propositions correspondantes ont été "idixées" (introduites dans Idixa).

Quelle est la place du téléphone à notre époque? On pourrait dire centrale s'il y avait un centre; mais chacun sait qu'il s'agit d'un réseau de lignes qui nous tiennent ensemble, tout en nous séparant. Ce réseau nous incite à fonctionner sur le mode de l'appel, qui renoue avec quelques'unes de nos pulsions les plus archaïques (maternelles). Entre deux anecdotes : 1. Graham Bell qui dit la première phrase jamais prononcée au téléphone (Watson, come here, I want you) et 2. Heidegger acceptant le joug nazi sur simple appel téléphonique du chef de section SA Baumann, c'est une formidable mutation de la technologie et de la jouissance qui se joue : la première (la technologie) se mettant au service de la seconde (la jouissance de l'oreille), ce qui conduit au nazisme. Mais heureusement, la connexion téléphonique finit toujours par échouer.

jeudi 1 mai 2008

Daniel Bougnoux

J'ai fini l'idixation de deux textes de Daniel Bougnoux, La crise de la représentation, et Les risques de l'image. En même temps, j'ai créé une page Daniel Bougnoux, sur laquelle on ne trouvera pour l'instant qu'une liste de propositions. Ça a été l'occasion de travailler sur la nouvelle esthétique indicielle qui semble envahir toutes les dimensions de l'art.

mercredi 12 mars 2008

Tino Sehgal

Ayant lu dans les Cahiers du Musée national d'art moderne (numéro 101, automne 2007) deux commentaires sur le jeune artiste Tino Sehgal, j'ai introduit des propositions à son sujet. Cet artiste cherche à faire surgir l'événement par des protocoles et des règles dont la caractéristique est d'être exclusivement vocaux. Pour que ça puisse fonctionner, ces règles doivent être impératives. L'artiste exerce un contrôle étroit sur la transmission et la reproduction de l'oeuvre. Il ne l'abandonne pas à l'acheteur comme on abandonne un tableau une fois peint ou un livre une fois écrit. Pour faire surgir le genre d'événement recherché, il faut que les interdits sur le texte, le paratexte et l'image soient strictement respectés (pas de cartel, ni d'information ni de publicité etc...). Un autre genre d'encadrement surgit : des commandements. auxquels sont soumis les acheteurs, les acteurs et les spectateurs de l'oeuvre. Avec la voix fait retour la toute-puissance paternelle.

vendredi 7 mars 2008

Panofsky, La perspective comme forme symbolique

J'ai introduit une quinzaine de propositions qui reprennent certains aspects du célèbre article d'Erwin Panosfky, La perspective comme forme symbolique. J'articulerai peu à peu ces propositions avec celles d'autres auteurs, comme Hubert Damisch.

Merleau-Ponty dans Idixa

Autour de Merleau-Ponty, j'ai avancé sur le fond et sur la forme. J'ai établi un certain nombre de propositions sur la base de deux de ses livres (Le visible et l'invisible et L'oeil et l'esprit), et je les ai articuléees en quelques parcours transversaux sur la chair, l'entendre-parler (en connexion avec Derrida), l'ouverture à l'être, le monde, la vision, et la peinture.

vendredi 8 février 2008

David Haziot sur Van Gogh

J'ai travaillé deux livres sur Van Gogh :
- celui de Pascal Bonafoux intitulé "Le soleil en face" (Ed La découverte). On trouvera les propositions qui en sont issues à cette adresse.
- celui de David Haziot intitulé "Van Gogh" (Ed Folio - Biographies). Les propositions qui en sont issues sont à cette adresse-là.

Je voudrais ici surtout insister sur la remarquable biographie de David Haziot. Comme toute biographie, elle raconte la vie de l'homme, mais elle contient aussi quelques analyses pénétrantes sur son art : art impudique qui effrayait ses contemporains et en même temps écriture picturale quasi-automatique, dont on peut dire qu'elle est aussi une archi-écriture. Merci donc à David Haziot pour sa biographie - je jette ce merci comme une bouteille à la mer, car son adresse électronique m'est inconnue.

jeudi 7 février 2008

Idixation de "Foi et savoir"

J'ai fini l'idixation de "Foi et savoir" de Jacques Derrida. On trouvera la liste des propositions issues de ce livre à l'adresse : http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0610240940.html.

Le livre contient deux textes :
- "Foi et savoir", 52 paragraphes numérotés. Ce texte a été publié pour la première fois en 1996 dans le volume "La religion, Séminaire de Capri". Le séminaire dont il s'agit avait commencé le 28 février 1994. Nous donnons les pages du texte dans l'édition de 2000.
- "Le siècle et le pardon. Entretien avec Michel Wieviorka" déjà paru dans le numéro 9 du Monde des débats (décembre 1999).

L'organisation de "Foi et savoir" en 52 paragraphes n'est pas indépendante de son contenu. Derrida y parle du mal d'abstraction contemporain, qui est aussi le lieu désertique où toute croyance prend racine : religion, raison, science, et aussi philosophie, et aussi ce texte de Derrida, lui-même abstrait, lui-même exigeant préalablement un lien fiduciaire, lui-même impliqué dans une logique auto-immune.
Sur les 52 paragraphes, 26 (la moitié) reprennent le contenu d'une intervention faite sur place, à Capri, et 26 sont regroupés sous le titre global "Post-scriptum" (la moitié du texte venant en plus de l'autre moitié), rappelant le dispositif utilisé dans "La Dissémination" (article de 1969 publié dans le livre de même titre paru en 1972) où un paragraphe surnuméraire avait été ajouté en abîme par rapport au texte commenté de Philippe Sollers.
Dans la deuxième série de 26, Derrida distingue "Cryptes" (les 11 premiers) et "Grenades" (les 15 derniers). Les grenades sont encore plus disséminées, aphoristiques, discontinues, voire machiniques que les précédents paragraphes.
On peut qualifier "Foi et savoir" d'"Essai d'axologie" car c'est là qu'il définit l'axiome, et là aussi qu'il en propose certains dans un certain ordre (le deux, l'à-venir). On est loin du more geometrico spinozien, mais le souci de présentation y rejoint quand même le souci de l'éthique (à distance de la religion, ni dedans ni dehors).