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mercredi 3 septembre 2008

Préjugés, devant la loi (Jacques Derrida, texte publié en 1985)

J'ai fini l'analyse de l'intervention que Derrida a faite en août 1982 lors de la décade de Cerisy-la-Salle consacrée à Jean-François Lyotard. Analysant un texte de Kafka, Devant la loi, Derrida évoque le jugement, la loi, et aussi l'oeuvre. Qu'est-ce qu'une oeuvre? Elle se tient devant la loi et la subvertit.
Voici les propositions issues de ce texte :
- La loi de la loi, c'est qu'il ne faut pas approcher, représenter ni pénétrer l'origine de la différance
- A l'origine de la loi, rien n'a lieu, rien de nouveau n'arrive, il est impossible de raconter l'événement qui inaugure l'interdit
- L'interdiction de la loi n'est pas une contrainte impérative mais une différance : "je t'ordonne de ne pas venir jusqu'à moi"
- La loi est un rien qui, dans un lieu vide, diffère incessamment l'accès à soi
- La loi de la loi, c'est qu'elle doit être sans histoire, sans genèse, sans origine, sans dérivation possible, elle ne doit donner lieu à aucun récit
- Ce qui fait oeuvre est une perturbation dans le système normal de la référence, en rapport avec les limites et le jeu du cadrage
- L'oeuvre surgit et reste toujours devant la loi
- A la question "Comment juger?", l'absence de critères est la loi, car s'il y avait des critères, il n'y aurait pas jugement mais savoir, technique, code ou simulacre de décision
- Nous sommes a priori tenus de répondre devant la loi des préjugés que nous sommes
- Pour distinguer un récit fictif d'une "réalité", il n'y a pas d'autre critère que le consensus ou la loi qui garantit la signature d'un "auteur"
- Intituler un texte est un événement, un coup de force qui lui donne sa loi et en fait une institution
- Dans le rapport à la loi comme dans le rapport sexuel, le Tabernacle reste vide et la dissémination fatale
- Un titre est le nom propre d'une oeuvre ou d'un texte qui, en étant dedans et dehors, garantit conventionnellement son identité
- Le paradoxe du post-moderne, c'est que, bien que le jugement n'ait ni fondement ni critères, nous ne pouvons pas nous en débarrasser

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