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mardi 28 avril 2009

Le spectateur émancipé (Jacques Rancière, 2008)

Ce texte est le troisième de Jacques Rancière à être analysé selon la méthodologie d'Idixa. On trouve sur cette page les propositions qui ont été établies à partir de sa lecture.
Souvent l'art actuel se veut politique, il se dit art critique. Mais l'est-il vraiment? S'il s'agit de faire prendre conscience aux dominés de leur aliénation, on peut en douter. Ils n'ont pas besoin d'un artiste pour connaître les difficultés dans lesquelles ils se débattent. Ce qui les intéresse, c'est de sortir de la répétition : faire autre chose de leur corps, vivre d'autres expériences sensibles, s'éloigner des contraintes de la vie courante. Vouloir émanciper les masses en faisant triompher le vrai sur l'illusoire, c'est rester dans une logique de la représentation. C'est coller à une éthique avec laquelle, justement, le régime esthétique de l'art cherche à rompre.
L'art de la dénonciation militante n'est pas critique, mais consensuel. Il reste inscrit dans la vieille logique représentative et mimétique, où la rhétorique de l'artiste reste engluée dans ce qu'elle dénonce. L'art véritablement critique est celui qui introduit de la séparation dans le vécu sensible. Désormais l'esthétique n'est pas réservée à une élite supposée savoir. C'est un partage du sensible qui met à distance les hiérarchies établies, une scène de l'égalité où les performances hétérogènes s'échangent. Cela suffit pour que l'art soit politique. Il porte alors les dissensus et les tensions qui font de l'image un objet non descriptible ou réductible à un sens, flottant entre différentes fonctions, pensif. L'artiste libre, insouciant, ne révèle aucun secret caché. Il dérange la connexion usuelle du verbal et du visuel. Par les installations ou la vidéo, il joue des écarts entre différents régimes d'expression.

dimanche 26 avril 2009

Demain les posthumains, par Jean-Michel Besnier

On trouvera les principales propositions issues de ce livre à cette page.
Jean-Michel Besnier commence par constater que les frontières de l'homme sont indéterminées. Où commence la machine? L'animal? L'inerte? Où se termine la culture et où débute la nature? L'humanisme des Lumières était fondé sur la croyance en une spécificité de l'homme, que les technosciences actuelles ignorent. L'homme est formé des mêmes ingrédients que les autres composants de l'univers. S'il a une particularité, c'est d'être ouvert à tous les possibles. Les technosciences de ce siècle (NBIC = nanotechnologies - biotechnologies - informatique - sciences cognitives) menacent son identité de manière irréversible. L'humanité peut transformer la naissance, la maladie et la mort (transhumanisme), elle peut modifier son corps et améliorer ses performances. Sa liaison de plus en plus étroite à la machine change la langue et les relations humaines.
Le livre n'aboutit à aucune conclusion figée. Pour survivre dans son milieu, l'humanité doit reconnaître la dignité du non-humain. On parle d'excès et de démesure, mais ce n'est que le prolongement de ce que l'homme a toujours fait. Le post-humain n'a rien de honteux ni de scandaleux : c'est le chemin par lequel doit passer un autre humanisme basé sur la non-exclusion de l'autre. En-dehors de toute conception mécaniste du monde, il faut accueillir l'inédit. Ce qui émerge est nécessairement inconnu, on ne peut pas le prévoir à l'avance.

jeudi 2 avril 2009

Jacques Rancière, Le partage du sensible

Dans ce petit livre où il répond aux questions de deux jeunes philosophes, Jacques Rancière clarifie sa conception des régimes esthétiques de l'art. On trouvera dans les parcours suivants, selon la méthode idixienne, des éléments repris de ces explications.
- On peut distinguer, dans la tradition occidentale, trois régimes d'identification de l'art : éthique, représentatif et esthétique
- En art, le sensible est partagé selon les mêmes découpages que ceux qui partagent la communauté
- Le régime esthétique de l'art repose sur l'égalité : en n'importe qui peuvent se rencontrer l'activité fabricatrice et l'émotion sensible
- Un tournant éthique affecte aujourd'hui l'esthétique et la politique : un droit humanitaire, de justice infinie, au-delà de tout droit, qui évacue le droit même
- "Post-moderne" est le nom donné à l'échec du modèle téléologique de la modernité