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mardi 28 avril 2009

Le spectateur émancipé (Jacques Rancière, 2008)

Ce texte est le troisième de Jacques Rancière à être analysé selon la méthodologie d'Idixa. On trouve sur cette page les propositions qui ont été établies à partir de sa lecture.
Souvent l'art actuel se veut politique, il se dit art critique. Mais l'est-il vraiment? S'il s'agit de faire prendre conscience aux dominés de leur aliénation, on peut en douter. Ils n'ont pas besoin d'un artiste pour connaître les difficultés dans lesquelles ils se débattent. Ce qui les intéresse, c'est de sortir de la répétition : faire autre chose de leur corps, vivre d'autres expériences sensibles, s'éloigner des contraintes de la vie courante. Vouloir émanciper les masses en faisant triompher le vrai sur l'illusoire, c'est rester dans une logique de la représentation. C'est coller à une éthique avec laquelle, justement, le régime esthétique de l'art cherche à rompre.
L'art de la dénonciation militante n'est pas critique, mais consensuel. Il reste inscrit dans la vieille logique représentative et mimétique, où la rhétorique de l'artiste reste engluée dans ce qu'elle dénonce. L'art véritablement critique est celui qui introduit de la séparation dans le vécu sensible. Désormais l'esthétique n'est pas réservée à une élite supposée savoir. C'est un partage du sensible qui met à distance les hiérarchies établies, une scène de l'égalité où les performances hétérogènes s'échangent. Cela suffit pour que l'art soit politique. Il porte alors les dissensus et les tensions qui font de l'image un objet non descriptible ou réductible à un sens, flottant entre différentes fonctions, pensif. L'artiste libre, insouciant, ne révèle aucun secret caché. Il dérange la connexion usuelle du verbal et du visuel. Par les installations ou la vidéo, il joue des écarts entre différents régimes d'expression.

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