On trouvera sur cette page l'analyse du livre de Hannah Arendt, paru en français en 1972.
Où va la culture? En se posant la question dans les années 1960, Hannah Arendt ne peut pas faire abstraction de son expérience personnelle. Brillante représentante de la culture humaniste acquise dans l'Allemagne des années 20, elle a subi le choc du nazisme et ensuite, arrivée aux Etats-Unis après un passage par la France, il a bien fallu qu'elle constate les dégâts : disparition de l'autorité, remplacement de l'objet de culture par l'objet de loisir, perte du sens commun des mots, crise de la transmission du savoir par l'éducation. Comment expliquer cette inquiétante conjonction qui menace l'existence même de la culture? D'une part, les progrès de la science rendent le monde de plus en plus incompréhensible, voire impensable. D'autre part, l'humanité bute sur ses propres limites. Son rapport au monde extérieur passe par des actions aveugles et le déclenchement de processus dont elle ignore l'aboutissement. En rompant avec la religion et la tradition, elle a oublié l'expérience de la fondation telle que la vivaient les Romains. Les nouvelles générations ne se sentant plus en charge de prolonger et d'augmenter cette tradition, l'autorité, appuyée sur le savoir, a perdu sa légitimité.
Sans doute y a-t-il toutes les raisons d'être pessimiste, et pourtant Hannah Arendt ne ferme pas complètement la porte. A chaque homme, un nouveau commencement est possible. Même s'il n'a reçu aucun testament, même s'il résiste au passé et au futur, il lui reste une dimension de la liberté.
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