Quelle est la place du sujet dans la perspective dite "géométrique" née au quattrocento italien, ce dispositif d'énonciation qui n'a pas fini de nous nous hanter, même si nous ne nous en servons plus? Cette place lui est assignée par la construction (le point de vue), mais elle ne peut lui suffire pour se repérer. Entre des règles de composition rigoureuses (le sujet réduit à un point, à un oeil) et des éléments imaginaires (les figures, la narration), une tension se met en place dès le commencement, c'est-à-dire dès l'expérience de Brunelleschi (1425) et les perspectives urbinates (vers 1460-1500). Elle ouvre une faille irrémédiable dans la culture humaniste. Le sujet y trouve son lieu, mais n'y tient qu'à un fil.
Voici les parcours de lecture que nous a ouvert cette lecture :
- Le paradigme perspectif est l'équivalent visuel d'un dispositif d'énonciation;
- La perspective ne représente rien car elle est la forme même de la représentation;
- La peinture moderne commence quand le lieu du sujet se dissocie de sa construction imaginaire:
- Le sujet de la perspective ne tient qu'à un fil : il ne saurait se repérer dans le dispositif qu'à s'y résorber ou s'y perdre
- Notre culture est travaillée en son tréfonds par le paradigme perspectif
- L'invention de la perspective a ouvert dans la culture humaniste une faille irrémédiable
- Si système de la peinture il y a, il n'est à rechercher ni dans la convention, ni dans l'unicité du tableau, mais dans ce qui fait le ressort de l'oeuvre : répliques, variations, transformations
- L'expérience de Brunelleschi (1425) est le moment inaugural de la perspective artificielle
- Les "perspectives urbinates" montrent la perspective à l'état pur : un habitat vide sans récit ni personnage, dont l'auteur est inconnu et la destination incertaine.
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